Aux confins de la Charente, de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, se trouve, à mi-chemin entre Niort et Angoulême, la commune de Paizay-Naudouin, où se dresse depuis le XIVe siècle le Château de Saveilles. Ce dernier allie harmonieusement les traits d'un château-fort à ceux d'une demeure de la Renaissance.
Inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH) par un arrêté préfectoral du 8 novembre 2005, qui a annulé un précédent arrêté de 1967, Saveilles se présente sous la forme d'un ensemble carré, entouré de vastes douves remplies d'eau et soutenues par de solides murailles. L'accès au château se fait aujourd'hui par deux ponts de pierre fixes, qui ont remplacé, depuis la Révolution, le pont-levis à bascule au sud et le pont tournant à deux arches au nord, qui assuraient autrefois la protection de cette imposante forteresse.
À l'est et au sud, deux corps de logis disposés en équerre s'étendent, chacun flanqué à ses extrémités d'une imposante tour de défense : la tour de la prison, dotée de ses canonnières, se situe au nord, tandis que la grosse tour, équipée de meurtrières, d'archères et de mâchicoulis, se trouve au sud. Les côtés nord et ouest du carré délimitent une cour intérieure, au centre de laquelle s'élève un grand puits.
La cour d'entrée est agrémentée d'un long bâtiment servant de communs ainsi que de tours d'angle.
Les styles architecturaux des XIVe, XVIe et XIXe siècles se mêlent harmonieusement sous le soleil de la Charente.
Malgré les ravages de la Révolution française et le passage du temps, le château conserve une multitude de sculptures, de lucarnes à meneaux ornées de thèmes mythologiques, ainsi que des meurtrières, archères et mâchicoulis. Sa chapelle du XIXe siècle est dédiée à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.
Aujourd'hui, parmi les vestiges de ce château Renaissance, il reste quatre lucarnes sur les dix qui illuminent à l'origine les combles, ornées de motifs mythologiques. On peut également admirer deux petites fenêtres jumelées, finement sculptées, situées à gauche de la porte d'entrée, ainsi qu'une souche de cheminée sculptée qui s'élève au-dessus du corps de logis à l'est. La statuette d'Hercule tenant sa massue est visible au pignon nord, tandis que le sommet sculpté d'une lucarne, qui éclaire autrefois la salle de justice au-dessus du pavillon d'entrée désormais disparu, surplombe la poterne du jardin.
Dans le mur est de la chapelle érigée au XIXe siècle, une pierre sculptée, élégamment ornée de "putti", a été intégrée. Au centre de cette pierre se trouvent les armoiries accolées de René de La Rochefaton, descendant des bâtisseurs du château, et de son épouse, Sébastienne Taveau, dont le mariage a eu lieu avant 1519.
La Seigneurie de Saveilles précède la construction du château.
La première mention connue de ce nom apparaît dans l'acte de fondation du prieuré de Notre-Dame de Château-Larcher, situé près de Vivonne, au sud de Poitiers. Cet acte, établi par EBBON, désigné comme Comte de Poitou et Duc de Guyenne, fils d'Adélaïde de France, elle-même fille du Roi Louis le Bègue, ainsi que sa femme Ode et leur fils Achard, date de l'an 969 (d'après le Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers).
Les premières familles à posséder la terre de Saveilles furent les Barrière et les Montalembert, qui relèvait du Marquisat de Ruffec. Au début du XVIe siècle, leurs descendants, les La Rochefaton, édifièrent le château tel que nous le connaissons, à la fois forteresse et demeure de la Renaissance.
Parmi les maîtres de cette maison noble, on trouve les Maréchaux de Caumont La Force, puis de Turenne, à l'époque où la R.P.R. (Religion Prétendue Réformée) faisait de Saveilles un bastion important de la Réforme en Angoumois.